Dean Brideau
Étude : L'évolution de l'emprunt au Canada : tendances clés des prêts hypothécaires et des prêts non hypothécaires
2024-08-14
La valeur des prêts non hypothécaires consentis est supérieure à celle observée avant la pandémie
La valeur des prêts non hypothécaires s'est accrue par rapport au premier trimestre de 2019 et a légèrement progressé au premier trimestre de 2020. Au cours des deux trimestres qui ont suivi, les niveaux d'endettement non hypothécaire ont diminué à mesure de l'instauration des mesures de confinement. Les Canadiens ont été en mesure de faire des épargnes, de réduire leur dette et de diminuer leurs dépenses afin de consolider leurs finances devant l'incertitude, après la fermeture des entreprises non essentielles et l'imposition de restrictions de voyage. Malgré cette diminution, à partir de 2022, les niveaux d'endettement ont augmenté, ce qui a entièrement effacé les effets antérieurs. Cette hausse des niveaux d'endettement est attribuable à plusieurs facteurs, y compris l'inflation qui a atteint un sommet de 8,1 % d'une année à l'autre en juin 2022 et qui a entraîné une hausse du coût des biens et services de la vie quotidienne.
Les prêts hypothécaires non assurés progressent plus rapidement que les prêts hypothécaires assurés en raison de la hausse des prix des logements
Depuis 2017, les prêts hypothécaires non assurés ont dépassé les prêts assurés pour la toute première fois au Canada, et ils prédominent depuis. De 2012 à 2019, l'encours des prêts hypothécaires non assurés a augmenté trimestriellement de 3,0 % en moyenne, alors que celui des prêts hypothécaires assurés a diminué de 0,4 %. Cette disparité s'est accentuée pendant la pandémie, lorsque la baisse des coûts d'emprunt et la demande accrue ont fait monter les prix des logements en flèche, ce qui a porté la croissance trimestrielle de la valeur de l'encours des prêts hypothécaires non assurés à 3,4 % de 2020 à 2022, alors que le taux de croissance des prêts hypothécaires assurés a diminué de 0,5 %. La hausse des taux d'intérêt à partir du début de 2022 jusqu'au troisième trimestre de 2023 a ralenti l'activité sur le marché de l'habitation, ce qui a aussi ralenti la croissance trimestrielle des prêts hypothécaires non assurés, laquelle s'est établie à 2,0 %, alors que celle des prêts hypothécaires assurés a reculé de 1,0 % au cours de la même période.
Les arriérés de paiement pour les prêts non hypothécaires sont à la hausse
Les ménages qui ont des prêts en souffrance, définis comme étant ceux qui accumulent un retard de 90 jours ou plus sur leurs obligations de remboursement de leurs dettes, ont enregistré une légère augmentation des arriérés de paiement au cours des deux premiers trimestres de 2020 en raison des fermetures économiques. L'aide gouvernementale fournie durant la pandémie a permis de réduire les arriérés de paiement en augmentant le revenu disponible des ménages. Toutefois, à mesure que les taux d'intérêt ont progressé et que le soutien lié à la pandémie a diminué, les arriérés de paiement des prêts non hypothécaires ont crû de nouveau en 2022. Les prêts pour véhicules automobiles (+0,18 %) et les prêts sur cartes de crédit (+0,07 %) ont affiché les hausses les plus élevées des arriérés de paiement au troisième trimestre de 2023 par rapport au premier trimestre de 2019.
Malgré la hausse des taux d'intérêt, les arriérés de paiement pour les prêts hypothécaires n'ont pas enregistré une croissance similaire. Au troisième trimestre de 2023, le niveau des arriérés de paiement pour les prêts hypothécaires était encore inférieur aux niveaux observés avant la pandémie, en baisse de 0,08 % par rapport au premier trimestre de 2019. La plupart des ménages n'ont pas encore été pleinement touchés par la hausse des taux d'intérêt puisque de nombreux renouvellements de prêts hypothécaires devraient avoir lieu au cours des prochaines années. Selon la Société canadienne d'hypothèques et de logement, près de 2,2 millions de prêts hypothécaires, lesquels représentent 45 % de tous les prêts hypothécaires en cours au Canada (plus de 675 milliards de dollars), seront confrontés à un choc des taux d'intérêt en 2024 et en 2025.
https://www150.statcan.gc.ca/n1/daily-quotidien/240814/dq240814d-fra.htm