Dean Brideau
BNC Point de mire BdC : Trois baisses de suite, et d’autres sont à prévoir
2024-09-06
De la Banque Nationale du Canada
Pour la troisième fois en trois réunions, la Banque du Canada a abaissé le taux de financement à un jour de 25 points de base (pb), décision qui concorde avec le consensus des prévisionnistes et les attentes du marché. La réduction porte le taux directeur à 4.25%, le plus bas niveau depuis janvier 2023. La décision pousse aussi le taux directeur de la BdC à 125 pb en dessous de celui de la Réserve fédérale américaine (par rapport à la borne supérieure de sa fourchette cible), plus que jamais depuis 2000 (mais l’écart rétrécira en septembre). Pendant ce temps, la normalisation du bilan continuera comme prévu. Voici les points saillants additionnels du communiqué de la Banque et de la déclaration préliminaire à la conférence de presse :
- La motivation de la décision de baisser le taux était le « contexte où les pressions inflationnistes généralisées continuent de s’atténuer » et où « [l’] offre excédentaire dans l’économie maintient des pressions à la baisse sur l’inflation ».
- Une fois de plus, les indications prospectives dans le communiqué de presse étaient vagues, mais la déclaration préliminaire de la conférence de presse a réitéré que « il est raisonnable de s’attendre à d’autres réductions du taux directeur » si l’inflation diminue de manière généralement conforme à la prévision de la Banque.
- Le communiqué note que la croissance au T2 était plus forte que prévu mais que « certains indicateurs préliminaires donnent à penser que l’activité économique aurait peu progressé en juin et juillet ». Tiff Macklem a ajouté qu’il « faut que la croissance économique s’accélère pour absorber l’offre excédentaire ».
- Le communiqué de presse souligne que « [le] marché du travail continue de ralentir, l’emploi ayant peu varié ces derniers mois ». La « croissance des salaires reste cependant élevée par rapport à celle de la productivité ». Dans sa déclaration préliminaire à la conférence de presse, M. Macklem a ajouté que « [les] capacités excédentaires sur le marché du travail devraient ralentir la croissance des salaires ».
- Quant à l’inflation, on constate « un contexte où les pressions inflationnistes généralisées continuent de s’atténuer », l’ampleur de l’inflation étant revenue à des normes historiques. Bien que les frais de logement entretiennent une inflation élevée, « cette progression commence à ralentir ». Reflétant les effets de base, M. Macklem a ajouté que l’inflation pourrait « remonter brièvement » vers la fin de l’année. Cependant, « il faut de plus en plus se protéger contre le risque que l’économie et l’inflation ralentissent trop ».
Conclusion :
Comme une baisse de 25 pb était une quasi-certitude, ce qui allait retenir l’attention dans la décision d’aujourd’hui a toujours été les indications prospectives/l’attitude de la Banque. Globalement, il y a eu très peu de changements par rapport à juillet, M. Macklem ayant réitéré qu’il est toujours « raisonnable » de s’attendre à de nouvelles baisses des taux (si l’inflation coopère). À la marge, il semble que la confiance dans les perspectives d’inflation ait un peu augmenté puisqu’on considère que les frais de logement « commencent à ralentir ». Et comme nous l’avons perçu en juillet, les responsables de la politique monétaire veulent « de plus en plus » éviter qu’il y ait trop de capacités inutilisées et que l’inflation descende sous la cible sur l’horizon de projection. Il « faut » par conséquent que la croissance reprenne. Que cela signifie-t-il pour les prochaines réunions de politique monétaire? D’après nous, les perspectives du scénario de base de la BdC sont une poursuite des réductions de taux par tranches de 25 pb à chacune des réunions restantes de 2024 (et probablement jusqu’à une date bien avancée de 2025). Cependant, les risques d’une trop forte baisse de l’inflation et pour l’économie retiennent de plus en plus l’attention, ce qui devrait conduire les marchés à intégrer certaines probabilités de réductions plus fortes que les 25 pb. C’est approprié à nos yeux étant donné l’équilibre des risques sur le marché du travail et les perspectives de croissance. La période entre les réunions offrira beaucoup d’informations pour éclairer la trajectoire des taux à court terme avec la parution de deux rapports sur l’emploi (dont un premier vendredi), deux rapports sur l’IPC, une indication du PIB de juillet et l’enquête sur les perspectives des entreprises. Sans nul doute, ce sont les chiffres de l’emploi et les données sur l’inflation qui auront le plus d’influence.
https://www.bnc.ca/content/dam/bnc/taux-analyses/analyse-eco/point-de-mire-bdc.pdf