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La Banque Scotia: DÉPENSER COMME S'IL N'Y AVAIT PAS DE LENDEMAIN, TAXER COMME S'IL Y AVAIT UN LENDEMAIN
2024-04-17
- Le ministre fédéral des finances du Canada a présenté le budget 2024 le 16 avril. Les nouvelles mesures brutes de dépenses ont été nettement plus élevées que ce qui avait été annoncé avant le jour du budget, et des mesures fiscales tout aussi importantes ont partiellement compensé l'impact net. Le budget donne un coup de pouce à la croissance à court terme grâce à de nouvelles dépenses importantes, mais il introduit un autre élément, puisqu'il donne d'une main tout en reprenant de l'autre. Alors que les nouvelles dépenses nettes représentent 0,4 % du PIB au cours des deux prochaines années, les dépenses brutes pour les Canadiens s'élèvent à un montant beaucoup plus important de 22,5 milliards de dollars (0,7 %), tout en prélevant 9,5 milliards de dollars sur les moteurs de la croissance. Ce montant s'ajoute aux 44 milliards de dollars de dépenses supplémentaires que les provinces ont annoncés ces dernières semaines.
- Le budget rend clairement la tâche de la Banque du Canada plus difficile. La faiblesse de l'inflation annoncée dans le budget risque d'attiser la complaisance à l'égard du risque de résurgence des pressions inflationnistes, en particulier avec le rebond du marché du logement qui se profile à l'horizon (et davantage d'acheteurs potentiels à la marge après ce budget).
- Les nouvelles dépenses ne sont guère ciblées. Un montant brut de 56,8 milliards de dollars est réparti sur toute une série de "priorités". Le nouveau plan pour le logement ne représente "que" 1/6e des nouvelles dépenses. D'autres dépenses ont été reportées - dépenses militaires, investissements en matière d'intelligence artificielle et assurance-médicaments - tandis que de nouveaux engagements ont été pris en faveur des investissements autochtones, des dépenses communautaires et d'une nouvelle prestation d'invalidité, entre autres.
- De nouvelles mesures fiscales apporteront une compensation de 21,9 milliards de dollars, notamment une forte augmentation du taux d'inclusion des plus-values, qui passera de la moitié aux deux tiers pour les particuliers et les sociétés au cours du printemps.
- Le coût net des nouvelles mesures prévues dans le présent budget s'élève à 34,8 milliards de dollars sur l'horizon de planification. La dynamique économique à court terme a apporté des compensations supplémentaires (29,1 milliards de dollars), de sorte que la trajectoire budgétaire reste globalement similaire à celle de la mise à jour de l'automne. Le déficit de l'exercice 24 s'élève à 40 milliards de dollars (1,4 % du PIB) et devrait descendre doucement à 20 milliards de dollars (0,6 %) d'ici l'exercice 29. La dette reste largement sur une trajectoire similaire de baisse modeste en pourcentage du PIB à l'horizon.
- Le plan budgétaire aurait pu répondre à des priorités essentielles, notamment le plan pour le logement, ainsi que les dépenses liées à l'IA et aux populations autochtones, tout en respectant ses ancrages budgétaires, sans recourir à de nouvelles mesures fiscales substantielles qui saperont la confiance et introduiront de nouvelles distorsions dans l'environnement concurrentiel du Canada.
- Il ne déclenchera probablement pas d'élections, mais il s'agit clairement d'un tour de chauffe alors que les Canadiens se préparent à se rendre aux urnes dans les 12 à 18 mois à venir. Il est peu probable que les robinets soient fermés de sitôt.