Marc Pucciarelli
La poursuite de la reconfiguration des chaînes d’approvisionnement mondiales
2022-03-18
À cause des tensions commerciales entre la Chine et les États-Unis et de la pandémie, beaucoup de sociétés et de gouvernements avaient déjà pris des dispositions pour diversifier leurs chaînes d’approvisionnement et rapatrier la production de secteurs clés afin de ne plus dépendre de rivaux géopolitiques pour des biens critiques. L’invasion de l’Ukraine par la Russie accélérera ces tendances. À titre d’exemple de la reconfiguration des chaînes d’approvisionnement qu’entraîneront les récentes sanctions, on peut citer les restrictions imposées par les États-Unis à la capacité de la Russie d’acheter des puces informatiques, des machines de technologie avancée et des composants aéronautiques. Ces mesures ne s’appliquent pas seulement aux biens produits aux États-Unis, mais aussi à tous ceux fabriqués dans d’autres pays à l’aide d’une technologie américaine. La Chine s’empressera sans doute de remplacer l’Amérique dans certains de ces secteurs, mais elle ne sait pas encore produire les semi-conducteurs de la dernière génération ou ne peut pas fournir des pièces de rechange pour des avions de fabrication occidentale. Il est important de noter aussi qu’il faudra à certains pays occidentaux de nombreuses années pour trouver ou mettre au point des solutions de rechange pour bon nombre d’exportations de matières premières russes, en particulier dans le secteur des minéraux. L’Agence internationale de l’énergie estime qu’il faut plus de 16 ans en moyenne pour faire passer des projets miniers de la découverte à la phase de production. L’Europe en particulier a été un grand consommateur de matières premières russes, notamment de cuivre, de nickel, de palladium et de titane.